Le nettoyage d’un site contaminé par des fluides corporels (sang, urine, vomissures, liquides de décomposition, etc.) est une opération à haut risque qui ne doit jamais être prise à la légère. Ces fluides sont susceptibles de contenir des agents pathogènes (bactéries, virus, champignons) responsables de maladies graves telles que l’hépatite B, l’hépatite C, le VIH ou encore des infections bactériennes résistantes. Ce type de nettoyage ne peut être réalisé comme un simple ménage classique : il requiert des protocoles stricts, des protections spécifiques et une désinfection approfondie.
Voici les précautions essentielles à respecter pour intervenir en toute sécurité.
1. Identifier le niveau de contamination
Avant d’intervenir, il faut évaluer la situation :
- Quelle est la nature des fluides ? (sang, liquides de décomposition, urine…)
- Quelle est leur quantité ?
- Où se situent-ils (sols, murs, textiles, mobilier, équipements) ?
- Depuis combien de temps sont-ils présents ?
- Y a-t-il eu un décès ou un accident sur place ?
Cette évaluation initiale détermine l’ampleur des mesures de sécurité à mettre en œuvre et le type de produits à utiliser.
2. Porter un équipement de protection individuelle (EPI)
C’est l’un des éléments les plus cruciaux. Aucun intervenant ne doit manipuler de fluides corporels sans être équipé.
Équipements obligatoires :
- Masque FFP3 ou à cartouches filtrantes (protection contre les aérosols biologiques),
- Gants à usage unique en nitrile (non perméables aux liquides),
- Lunettes de protection ou visière faciale,
- Combinaison intégrale jetable et étanche (type Tyvek),
- Bottes imperméables ou surchaussures.
Après l’intervention, les équipements doivent être retirés avec précaution, jetés ou désinfectés selon leur type, et les mains lavées minutieusement.
3. Isoler la zone contaminée
- Interdire l’accès à toute personne non équipée.
- Fermer les portes et fenêtres (sauf pour l’aération) afin d’éviter la dispersion.
- Placer des panneaux « zone à risque biologique » si plusieurs personnes travaillent sur place.
4. Ventiler les lieux
Les fluides corporels peuvent dégager des émanations toxiques ou infectieuses. Il faut ouvrir les fenêtres (si possible), ou utiliser un extracteur d’air pour renouveler l’atmosphère. Cela diminue le risque d’inhalation de bioaérosols.
5. Nettoyer mécaniquement les résidus visibles
Étapes :
- Évacuer les déchets solides : serviettes, textiles, objets souillés, à mettre dans des sacs spécifiques étanches.
- Absorber les liquides avec des lingettes absorbantes à usage unique ou des tampons spéciaux.
- Ramasser avec précaution : ne jamais balayer ni utiliser un aspirateur non adapté (risque d’aérosolisation).
Tout ce qui est trop contaminé (matelas, moquettes, plâtre imbibé…) doit être retiré et jeté dans un circuit de déchets à risque biologique.
6. Désinfecter les surfaces contaminées
Produits à utiliser :
- Désinfectants à large spectre virucides, fongicides et bactéricides (normes EN 14476 et EN 13727).
- Interdiction d’utiliser de simples détergents ménagers ou de la javel seule en zone fermée.
Méthode :
- Appliquer le désinfectant en pulvérisation ou par essuyage.
- Respecter un temps de contact de 15 à 30 minutes selon le produit.
- Ne pas rincer immédiatement, sauf si le fabricant l’indique.
7. Traiter les équipements et outils
Tout matériel réutilisable (seau, pelle, brosse, gants réutilisables, etc.) doit être :
- Désinfecté soigneusement avec un produit compatible,
- Ou jeté si irrécupérable ou en cas de doute.
Les textiles lavables (vêtements de travail, chiffons) doivent être lavés à 60 °C minimum avec un désinfectant textile.
8. Gérer les déchets contaminés
Tous les déchets biologiques (gants, lingettes, objets imbibés, sacs…) doivent être :
- Placés dans des sacs étanches à double emballage,
- Étiquetés comme DASRI (déchets à risques infectieux),
- Évacués dans une filière spécialisée (pas dans les ordures classiques),
- Stockés dans un lieu sûr en attendant leur élimination.
9. Vérifier la désinfection et documenter l’intervention
Une inspection visuelle doit suivre la désinfection, et si nécessaire, des tests de surface ou des prélèvements microbiologiques peuvent être réalisés.
Un rapport d’intervention est recommandé pour :
- Garantir la traçabilité,
- Décrire les produits utilisés,
- Mentionner les zones traitées et le type de déchets collectés,
- Justifier la conformité sanitaire auprès des autorités ou des clients.
10. Préserver la santé mentale des intervenants
Enfin, il est essentiel de souligner que les scènes de contamination biologique, notamment après un décès, peuvent provoquer un choc psychologique, un stress ou un sentiment de malaise.
Les professionnels doivent :
- Être formés à la gestion émotionnelle de ce type d’intervention,
- Travailler en binôme pour se soutenir,
- Avoir la possibilité de parler à un superviseur ou à un psychologue en cas de besoin.
Conclusion
Nettoyer un site contaminé par des fluides corporels demande bien plus que du matériel classique et du courage : c’est une opération technique, réglementée et sanitaire, qui nécessite des connaissances, des protections adaptées et un protocole rigoureux. Les risques biologiques sont sérieux, et la négligence peut avoir des conséquences graves sur la santé et la sécurité.
Pour garantir une intervention efficace, il est indispensable de :
- Porter des équipements de protection adaptés,
- Isoler et ventiler le lieu,
- Nettoyer mécaniquement les résidus,
- Désinfecter avec des produits certifiés,
- Gérer les déchets dans les filières spécialisées.



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